Lors de notre première visite sur le toit, nous trouvâmes une chambrette de 10m2 avec derrière un petit balcon. En dehors d’un lit, d’un frigo et d’une petite armoire pour ranger l’essentiel, il n’y avait pas de place pour autre chose et surtout pas l’envie de s’y attarder. C’était difficile d’imaginer que le lieu puisse devenir un jour un espace agréable destiné à être loué à des touristes, comme les propriétaires le souhaitaient. La seule chose que nous pouvions exploiter était la grande terrasse qui se trouvait devant la chambrette et depuis laquelle une vue panoramique s’offrait sur tout Athènes et sur un des plus beaux angles de l’Acropole.
Dans ces conditions, il nous fallait penser à un espace complètement différent en termes de matérialité, d’usages, d’orientation et de couleur. En ayant en tête les architectures traditionnelles japonaises dans lesquelles l’incroyable économie spatiale impose un style de vie austère sans sacrifice esthétique, nous commençâmes à dessiner une chambre/meuble qui utilisait chaque recoin avec l’idée d’intensifier l’expérience des personnes qui allaient y séjourner.
Un mur entier fut découpé et remplacé par une vitre fixe ouverte sur l’Acropole tandis qu’un autre mur était intégralement recouvert d’un miroir. Avec ces deux interventions, la chambre se trouvait libérée de toute sensation d’enfermement. Le sol, en dehors d’un passage étroit, fut légèrement surélevé pour accueillir le lit, des coussins et un comptoir pour le petit-déjeuner. En-dessous, des espaces de rangement pour les draps, les produits de nettoyage, les affaires des visiteurs, des couverts et de la vaisselle. Le sol s’étendait à l’extérieur, de l’autre côté de la grande ouverture, pour devenir une surface basse où s’asseoir. Un petit escabeau en bois venait servir de desserte pour le café. Toutes les embrasures des portes, les moulures en plâtres et les détails furent retirés pour garder une géométrie aussi minimale que possible. Seule une porte translucide fut installée pour laisser la lumière naturelle entrer dans la salle de bain. Des chevilles furent fixées au mur se trouvant derrière la porte d’entrée pour y accrocher les vêtements. Et toutes les lumières furent intégrées et cachées. Enfin le sol aussi bien à l’intérieur que l’extérieur fut intégralement peint en bleu ciel pour créer un continuum avec le ciel (presque toujours!) bleu d’Athènes.

Le projet a emprunté son nom à la bande dessiné du même nom de Julie Maroh de 2010.