GEOPONIKI
Promenade Sonore, Ecole Agricole de Athènes
Cela nous a pris du temps. Il a fallu 6 mois, 87 visites, 174 heures sur place, 15 interviews et beaucoup, beaucoup de recherche pour s’immerger doucement dans son univers. Temporairement transformé en lieu d’exposition, établissement d’enseignement supérieur depuis un siècle, avec une forte présence d’étudiants (mais aussi d’animaux et de plantes !), ancien jardin expérimental pour des nouvelles espèces de flores ramenées de contrées lointaines sur commande de la Reine Amalia, propriété d’un commandant tyrannique durant l’empire Ottomane, et avant tout cela, des champs cultivés par d’innombrables générations d’agriculteurs locaux, sous les oliviers desquels errait Platon avec ses disciples.
Il s’agit bien sûr de l’École Agricole d’Athènes, pour laquelle les commissaires d’art ‘Locus Athens’ nous ont appelé à créer une promenade sonore. Nous avons employé ce médium expérientiel afin de faire découvrir au grand public cet immense et fascinant écosystème qui demeure caché en plein centre de la ville.
La masse d’informations d’une part et la complexité du terrain de 25 hectares d’autre part se dressaient comme un rocher intimidant devant nous. Il a fallu tout explorer, voir, imaginer, étudier, entendre, encore et encore jusqu’à réussir à tisser un récit cohérent. Tracer un chemin clair entre ce qui n’était pas visible, ce qui l’était et ce qui n’était pas ce qu’il semblait être, afin d’élucider l’image actuelle du lieu et faire apparaître sa richesse.
Le résultat de cet effort fut une promenade sonore de 30 minutes sur mp3 avec des écouteurs, pendant lesquelles une voix, ‘l’esprit de l’École Agricole’, guide nos pas et notre regard, nous donne des instructions de navigation, nous informe sur des faits historiques et des événements, nous raconte des légendes urbaines et des histoires fantastiques et les projette tous sur ce qu’on regarde à chaque instant, tout en gardant en esprit critique.
En partant du bâtiment central de la fac, les visiteurs se promènent, s’arrêtent, se perdent et retrouvent leur chemin. Ils traversent des portails, des jardins, des ruines et des constructions. Ils terminent en hauteur, d’où ils aperçoivent enfin l’entité du campus, désormais familier grâce au récit, inscrit dans le paysage urbain plus large. Ils peuvent contempler sur son potentiel infini, car, comme tout écosystème, il est vivant, vibrant et il évolue sans cesse.
Les retours des visiteurs ont été très positifs. En plus, la promenade sonore a éveillé l’intérêt de nombreux étudiants et enseignants, en changeant leur perspective et en révélant des aspects de l’École auparavant méconnus. De notre part, on souhaiterait que la promenade sonore reste disponible à la communauté universitaire afin de pouvoir l’écouter et mieux se connecter avec ce lieu magnifique.