HYPOTHESE
Venant contredire le “absorbant la modernité” de R. Koolhaas, l’introduction des mouvements architecturaux néoclassiques et modernistes en Grèce s’est faite comme s’ils s’agissaient de vêtements de seconde main. Ils furent littéralement absorbés et transformés pour s’adapter aux spécificités du pays. L’histoire des cent dernières années, si elle met en lumière quelques-uns des mécanismes de production des espaces, laisse inexpliqués la fragmentation de l’espace urbain en de petits gestes, additions successives, variations sur le même thème et la quasi-absence de décisions centralisées. Quel pourrait alors être l’angle approprié pour une compréhension critique de la spécificité urbaine grecque?
Les idéaux de l’agora, de la république et de la vie dans le domaine public se trouvent être bien inutiles pour décrire la situation actuelle. Au cours du dernier siècle, les actions de l’état et du gouvernement exécutif en Grèce ont été largement contredites et sapées par une force opérant à une moindre échelle: la famille. Par famille, nous comprenons une cellule qui se maintient par les liens du sang ou d’intérêts communs, une cellule dans laquelle les réflexes de protection et de solidarité sont actifs et vont de pair pour servir des buts communs, sans autre idée de sens social plus large.
Voir l’interview de C. Costariadis (http://antikleidi.com/2012/04/24/kastoriadis/)

METHODOLOGIE
Notre proposition aspire à ne pas seulement représenter mais aussi à interpréter la forme des villes grecques, en étudiant la dialectique existante entre institutions et famille. Pour une meilleure compréhension de cette relation nous avons choisi quelques éléments historiques clés (guerre civile, dictature…) en même temps que des éléments clés de législation (antiparochi*, légitimation des constructions illégales**…). Ces éléments se trouvant être liés inextricablement avec la façon dont l’environnement se construit et la manière dont les familles grecques interagissent/ interfèrent/ façonnent leur espaces de vie. Nous allons aussi nous intéresser aux petites narrations récurrentes (comment, quoi, pourquoi) que dévoilent les éléments architecturaux et ce qui peut sembler être des aménagements spatiaux paradoxaux (appropriation d’infrastructures techniques, des trottoirs et des espaces communs tels que les toits, les terrasses et les cours).

PAVILION
La pièce principale de l’exposition est une maquette réaliste à l’échelle 1:3 d’un bâtiment fictionnel. Ce bâtiment ressemble à une miniature surdimensionnée. Sa forme est le résultat d’un collage d’éléments extraits de différentes typologies spatiales et familiales provenant de bâtiments existants (pilotis, espaces semi-ouverts, petites structures sur les toits, appartements des décennies 60, 70, 80 et 90, architectures néo-classiques…). Les textures, les matériaux, les couleurs, les infrastructures techniques et les signes de vies sont retranscrits sur la maquette avec maintes détails. Ils viennent révéler la façon dont les familles investissent les espaces et “réinterprètent les règles”.
Toutes les informations, sous la forme de légendes, de petits textes, de documents audiovisuels législation, histoires, observations sociologiques, dates…) s’organisent autour des parties référentes de la maquette. Ces données accompagnent discrètement le regard des visiteurs lorsque celui-ci se promène sur la maquette. De par le sujet et de par notre proposition d’exposition, nous cherchons à construire les fondations d’un “design paramétrique familial” comme méthode et outil de recherche de planning urbain.

*Antiparochi: Un système d’échange propre à la Grèce. Un propriétaire donne un terrain a un entrepreneur pour qu il y batisse un immeuble et il reçoit en échange un ou plusieurs appartements une fois celui ci construit.
**Depuis 2010, les propriétaires de constructions illégales sont encourages par la loi a les declarer et a payer une amende qui les protège de la demolition pour une période de 40 ans.